Nous y sommes : le Théâtre de la Concorde lance sa programmation !

Après des mois de chantiers au sens propre et figuré, d’expériences et de rencontres, je suis très heureuse d’en être à ce point si crucial et précieux de la présentation de ce qui vous attend dans les mois à venir.

Des comédien ·nes, auteurs·rices, musicien ·nes, penseurs·euses, chercheur.euses, associations…que nous avons choisis, en lien avec la Ville de Paris, avec le Comité d’orientation, pour ces trois premiers mois, qui s’articulent autour de trois thématiques d’actualité. Pour lier art, pensée et action citoyenne. Dans ce lieu unique de démocratie, en plein cœur de Paris.

En octobre, le parler vrai et le franc-parler en démocratie. De l’enjeu central de la liberté de la presse et de la lutte contre la désinformation aux silences face aux violences sexistes et sexuelles, en passant par l’impérieuse nécessité de regarder en face l’état du soin en France, nous vous proposons de délier notre langue, de nous astreindre à la franchise, d’explorer ensemble tout ce que le langage peut libérer de nous, en nous.

Grâce à des ateliers de slam, des pièces de théâtre, des sessions de lectures, des cartes blanches ou des chants poétiques, qui parlent tous d’engagement, et vous invitent à vous approprier le sujet, à vous exprimer, à entrer dans la danse.

Cette programmation, je l’ai imaginée comme une partition de musique : un thème mensuel pour mélodie ; des ateliers pédagogiques et des scènes ouvertes comme une basse continue, structurant le travail et la réflexion ; des spectacles comme caisse de résonnance de ce que l’on pense, réfléchit et débat.

En novembre, la bascule en démocratie. Car il semblerait bien que nous y soyons, dans ce moment crucial, effrayant et tellement important, ce lieu de passage menaçant de nous faire tomber de l’autre côté. Pour de bon. À moins d’un rebond. Et c’est tout cela que nous interrogerons : face à l’effondrement climatique, à l’obscurantisme, à la désinformation, au populisme : échanger, débattre, faire ensemble, créer. Pour ne pas se résigner et continuer d’inventer, d’investir la pensée, de proposer, d’imaginer des alternatives, des solutions.

Ensemble, nous nous intéresserons aux élections américaines au moment où sera désigné ·e celui ou celle qui succèdera au président Biden. Et, plus largement, au danger qui nous menace en permanence de sombrer, d’oublier l’Histoire, de recommencer. La place des citoyens et des citoyennes, des jeunes, des enfants est au cœur du débat démocratique. Celle des médias également. Comment les mettre au centre ? A l’aide de l’Histoire, du sport, de la création, de l’I.A ou encore de la musique. Faire feu de tout bois. Pour rallumer la lumière, au lieu de tout brûler derrière soi.

En décembre, exil et diasporas. Nous nous pencherons sur la douloureuse question de l’exil et ses conséquences sur notre capacité à vivre ensemble, sur la filiation et la tentation de l’obsession identitaire. Nous ne tairons rien des souffrances conscientes et inconscientes, et, surtout, des meilleures façons de se réparer ensemble. Plonger dans la complexité, pour en dégager la nuance. Donner du sens aux maux et aux mots. Tout mettre sur la table, pour mieux investir notre avenir commun.

Aucune réponse n’est écrite à l’avance. Notre ambition, c’est de poser les bonnes questions.

J’ai hâte.

Que résonne cette note qui commence au fond de la gorge de Fabrice Melquiot, que commence la saison de machettes de Jean Hatzfeld mis en scène par Dominique Lurcel, comme un fil continu entre les spectacles et les thématiques où l’humain, le citoyen est au cœur de notre projet. De Revoir la guerre avec Patrick Boucheron et Thomas Dodman. D’entendre slamer la jeunesse avec l’association « Moteur ! » D’écouter les Confidences tunisiennes de Marie Nimier lue par Naidra Ayadi. De sentir vibrer le violon de Paul Serri. D’explorer le Ajar avec Delphine Horvilleur, mise en scène par Johanna Nizar et Arnaud Aldigé…

Et, surtout : de vous rencontrer, de vous entendre, de vous regarder vous approprier à votre manière ce lieu qui vous est entièrement dédié.

 

À très vite !

 

Elsa Boublil