LA MONTÉE DES POPULISMES
Dans un monde où les certitudes vacillent et où les repères traditionnels s’effacent, le populisme s’impose comme une réponse séduisante aux angoisses collectives. Simple dans ses formulations, radical dans ses propositions, il offre l’illusion d’un retour à un ordre perdu, à une clarté disparue. Mais cette simplicité apparente dissimule souvent une mécanique bien plus complexe et dangereuse pour nos démocraties.
POURQUOI PARLER DES POPULISMES AUJOURD’HUI ?
Le populisme se nourrit de nos fragilités : fractures sociales grandissantes, sentiment d’insécurité économique et culturelle, méfiance envers les élites traditionnelles, complexification d’un monde globalisé devenu illisible pour beaucoup. Il prospère sur les ruines de la confiance perdue dans les institutions et propose un récit alternatif séduisant : celui du « peuple » opposé aux « élites corrompues », d’un passé mythifié contre un présent incertain.
Ce qui rend ce phénomène particulièrement préoccupant, c’est sa capacité à transformer progressivement les démocraties de l’intérieur, en utilisant les outils mêmes de la démocratie pour la fragiliser. Le populisme n’arrive pas toujours par la violence, mais souvent par les urnes.
Face à cette réalité politique, le Théâtre de la Concorde affirme plus que jamais sa mission : être un espace où l’art devient vecteur de compréhension, de résistance et d’émancipation. Car l’art possède cette capacité unique à éclairer la complexité du monde sans la simplifier, de questionner sans imposer, d’émouvoir tout en faisant réfléchir.
Ce mois-ci, notre programmation plonge au cœur de ces enjeux à travers plusieurs temps forts qui résonnent particulièrement avec l’actualité mondiale.
Un Démocrate de Julie Timmerman explore l’influence d’Edward Bernays, pionnier des « relations publiques », qui a transformé la manipulation de l’opinion publique en une science. Dans l’Amérique des années 1920, il utilise des techniques qui, plus tard, inspireront même la propagande nazie. Aujourd’hui, ces méthodes ont évolué avec le Big Data et les algorithmes, devenant des outils puissants au service des populismes. La pièce nous interroge sur la fabrication du consentement et sur la manière dont ces stratégies contribuent à fragiliser nos démocraties, soulignant l’importance de comprendre ces mécanismes pour y résister. Du 10 au 26 avril.
Le week-end Democracia! du 5 et 6 avril au Théâtre de la Concorde s’inscrit pleinement dans la réflexion sur la montée des populismes. En célébrant la résistance historique au Brésil, cet événement met en lumière le rôle essentiel de la musique, de l’art et du sport dans la lutte pour la démocratie, la liberté et la justice.
- Le samedi, la journée commencera avec une table ronde « Musique et démocratie au Brésil » avec Didier Varrod et Pretinho da Serrinha, suivie d’une conférence chantée animée par Elsa Boublil et Jérôme Pigeon, célébrant les figures légendaires de la scène musicale brésilienne. En soirée, Seu Jorge, figure incontournable de la musique brésilienne, donnera un concert exceptionnel pour fêter les 20 ans de son album CRU, retransmis en direct sur la radio FIP.
- Le dimanche, place au documentaire Democracia em Preto e Branco sur la résistance du club de football Corinthians contre la dictature, suivi d’un débat avec Raí, Loïc Blondiaux et Lamia Oulalou sur les parallèles entre les dérives politiques au Brésil et en France. La journée se clôturera avec une roda de samba et un second concert de Seu Jorge.
Le 22 avril, la philosophe Sandra Laugier s’interrogera sur la dimension populaire – ou non – du cinéma, avec le réalisateur Arnaud Desplechin.
Le 30 avril, le politologue Loïc Blondiaux, membre du Comité d’orientation du Théâtre de la Concorde, consacrera son université populaire à la question de la délibération, pour réfléchir à la meilleure façon de débattre sans se haïr.
Nous poursuivrons également nos ateliers pédagogiques et créatifs : du slam avec l’Ecole de l’Opéra de la Parole, des danses urbaines avec l’association Kourtrajme, ou encore du podcast, avec l’association Making Waves.
À travers cette programmation, le Théâtre de la Concorde souhaite non seulement analyser les mécanismes qui menacent nos démocraties, mais aussi explorer les formes de résistance qui s’inventent face à ces menaces. Car si le populisme prospère sur la division et la simplification, l’art nous rappelle constamment que notre force réside dans notre capacité à embrasser la complexité du monde et à faire société malgré nos différences.
Rejoignez-nous en avril pour cette programmation qui interroge, éclaire et inspire, parce que la culture reste notre meilleur rempart contre toutes les formes d’autoritarisme !