Sortez de l’anthropocentrisme avec Philippe Descola

Parce que la Terre brûle et les glaciers fondent, il est plus que temps de repenser notre rapport à la nature. Le naturalisme n’est pas une ontologie universelle. C’est ce que tente de démontrer l’anthropologue Philippe Descola à travers les pages de son dernier livre Politiques du faire-monde. Il sera présent au Théâtre de la Concorde ce jeudi 23 octobre pour partager avec vous d’autres façons de « faire-monde».

Grandir dans une société naturaliste

C’est au cœur de la capitale française que Philippe Descola voit le jour en 1949. Il grandit en France, une société occidentale moderne dans laquelle le naturalisme est ancré depuis le siècle des Lumières. Mais le naturalisme, qu’est-ce que c’est ?

Être naturaliste, c’est penser que la nature est opposée à la culture. Bien que les êtres humains et non-humains — autrement dit les animaux, les plantes et les esprits — partagent la même physicalité, seuls les êtres humains posséderaient une intériorité. Cette opposition nature/culture laisse place à un rapport de domination. Et c’est ce rapport de domination qui, selon Descola, mènerait à l’exploitation et à la destruction de la nature telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Se décentrer aux côtés des Achuar

En 1976, Philippe Descola, alors âgé de vingt-sept ans, s’intègre parmi les Achuar, un peuple jivaro qui vit dans les forêts de l’Amazonie équatorienne. Il restera à leurs côtés pendant près de quatre ans dans le but d’observer, d’analyser et de théoriser leur rapport à la nature. Cette méthode anthropologique lui a permis de mettre un mot sur les pratiques des Achuar : l’animisme. Et l’animisme, qu’est-ce que c’est ?

Pour les animistes, les êtres non-humains possèdent une intériorité, une âme tout comme les êtres humains. Leur différence se trouve dans leur physicalité. Les êtres humains et les êtres non-humains entretiennent des relations d’alliance et de réciprocité. Cette idée est centrale dans la thèse que soutient Philippe Descola en 1983 sous la direction de Claude Lévi-Strauss. Et c’est en cela que l’anthropologue se détache de la pensée des Lumières : ici, la nature ne s’oppose pas à la culture, elles forment un tout.

Découvrez d’autres façons de « faire-monde »

Après plus de cinquante années de recherche, l’anthropologue Philippe Descola rompt avec le naturalisme comme pensée universelle. L’animisme, mais aussi le totémisme et l’analogisme, sont autant de façons de faire-monde avec la nature. Ces quatre filtres ontologiques, il les explore et les met en relation avec le politique dans son livre Politiques du faire-monde, sorti le 3 octobre dernier aux éditions du Seuil.

Vous pourrez retrouver son ouvrage le 23 octobre au Théâtre de la Concorde, après avoir rencontré Philippe Descola en personne. Ne manquez pas l’occasion de sortir de l’anthropocentrisme dans lequel vous baignez depuis votre enfance.