L’art de résister

Vivre à tout prix, c’est aussi résister. Résister à l’effacement, à l’amnésie, à ceux qui voudrait réduire nos existences au silence. C’est dire que la mémoire, l’art, la pensée sont nos remparts contre l’oubli et la résignation. Face à la peur, au silence, à la douleur ou à l’oubli, le Théâtre de la Concorde consacre ce mois à celles et ceux qui continuent d’avancer, de créer, de parler et de questionner.

Dans la continuité de notre thématique d’octobre « Vivre à tout prix », cette sélection interroge les multiples visages de la résistance. Autant de combats intimes et collectifs qui traversent la mission du Théâtre de la Concorde : faire du théâtre un espace d’expression, de réflexion et de liberté.

Résister à la censure

Résister à la censure, c’est refuser que la vérité soit réduite au silence, c’est défendre le droit de parler quand d’autres voudraient nous faire taire, et c’est croire au pouvoir de la parole même quand elle dérange.

Avec Femme non-rééducable, Stefano Massini dresse le portrait bouleversant d’Anna Politkovskaïa, journaliste russe assassinée pour avoir dénoncé la guerre en Tchétchénie. Sous la mise en scène de Tadrina Hocking, et l’interprétation de Caroline Rochefort, le spectacle fait entendre la voix d’une femme que ni la peur, ni les menaces, ni la répression n’ont pu réduire au silence.

La pièce interroge notre rapport à la liberté d’expression et à la vérité : que signifie informer dans un monde où dire devient un acte de courage ? Cette soirée sera prolongée par des échanges avec des journalistes et militantes de la liberté de la presse, prolongeant la réflexion au-delà du plateau.

Du 14 au 19 octobre à 19h.

Résister à la peur

Résister à la peur, c’est oser parler quand tout pousse à se taire, affronter les préjugés et les silences qui divisent.

Entre théâtre et lecture immersive, Mauvaise Pichenette ! de Magali Mougel, mis en scène par Olivier Letellier, nous plonge au cœur d’un dîner familial qui vire à l’affrontement idéologique. Dans la cuisine d’une ferme familiale, un dîner tourne à l’affrontement. Anna, jeune apprentie en quête de justice, affronte sa mère et son frère, alors que leur village accueille des mineurs isolés dans l’ancienne colonie de vacances.

Pensée pour les jeunes publics, cette création des Tréteaux de France encourage la prise de parole et la pensée critique. Elle met en lumière les mécanismes de repli identitaire et rappelle que la résistance commence souvent par un mot, une discussion, un refus du silence.

Du 14 au 25 octobre.

Résister à la douleur

Résister à la douleur, c’est continuer à chercher des mots, même quand le chagrin semble indicible.

Avec l’événement Sur-vivre, le Théâtre de la Concorde ouvre deux jours d’échanges, de spectacles et de rencontres autour du deuil périnatal, un sujet encore trop souvent tu. À travers la pièce Tu seras un homme papa de Gaël Leiblang et des discussions avec des médecins, journalistes et parents, l’événement met des mots sur l’indicible.

Donner voix à la douleur, c’est déjà commencer à la transformer. Cet espace d’écoute et de parole propose une autre forme de résistance : celle de la tendresse, du partage, de la reconnaissance des vies trop courtes.

Les 17 et 18 octobre.

Résister à l’oubli

Résister à l’oubli, c’est refuser de laisser la mémoire s’effacer, c’est interroger notre héritage collectif pour mieux comprendre le présent.

Dans Les Nuits de la colère, écrite en 1946, Armand Salacrou explore les zones grises de l’après-guerre : les morts se relèvent pour régler les comptes et collaborateurs et résistants se parlent pour tenter de comprendre, de démêler les nœuds de la culpabilité et du pardon.

Sous la direction de David Ajchenbaum et de Roland Timsit, metteurs en scène de la Compagnie Calvero, ce texte renaît dans une forme inédite, à la croisée du théâtre et du laboratoire citoyen. Amateurs et professionnels partagent le plateau sans hiérarchie ni audition : chacun apporte sa voix, son vécu, sa sensibilité. les morts se relèvent pour régler les comptes et collaborateurs et résistants se parlent pour tenter de comprendre.

Cette pièce rappelle que le théâtre est aussi un outil de mémoire, un lieu où la parole collective répare et relie.

Du 28 au 31 octobre à 19h.